Données personnelles : le grand mensonge du RGPD
Le RGPD est une illusion de souveraineté
Par Alexandre Moustafa
Le RGPD est présenté comme une fierté européenne. Mais dans la réalité, c’est surtout un leurre. Pensé à une époque où l’intelligence artificielle était encore marginale, le RGPD est devenu un monstre administratif que même ses promoteurs ne comprennent plus.
Pendant ce temps, les géants du numérique – américains pour l’essentiel – continuent de capter nos données, d’en faire leur matière première, et d’ignorer allègrement les réglementations européennes.

La CNIL : bonne volonté, faibles moyens
Le dernier rapport de la CNIL témoigne d’un activisme croissant, mais aussi de limites structurelles. Malgré des sanctions et un nombre impressionnant de saisines, son budget reste dérisoire. Moins de 30 millions d’euros pour protéger 67 millions de Français dans un monde numérique globalisé ? Le combat est inégal.
Il faudrait une « super-agence » rattachée à un ministère de la souveraineté technologique – qui n’existe pas. Les politiques semblent déconnectés, à l’exception de quelques élus isolés.
Une fracture géopolitique numérique
Le plus grave reste la dépendance technologique. Tant que les données européennes seront stockées et traitées par des entreprises américaines, la souveraineté restera une illusion. Le Cloud Act américain permet d’accéder à ces données, même si elles sont hébergées sur le sol européen.
Et aucune Ursula von der Leyen ni aucun chef d’État n’ira s’y opposer.
L’absurdité bureaucratique du RGPD
Le RGPD est devenu un réflexe de conformité plus qu’un réel outil de protection. La désignation d’un DPO devient une formalité coûteuse pour les PME, sans qu’elles comprennent ce qu’elles protègent vraiment.
Pire encore : les citoyens eux-mêmes restent désinformés. Aucun enseignement scolaire sérieux n’est proposé sur la sécurité numérique. Et les usages quotidiens – Wi-Fi public, absence de filtre écran, extension Chrome non sécurisée – montrent à quel point l’éducation est absente.
Protéger ses données, ce n’est pas “respecter le RGPD”
Il faut inverser la logique : commencer par éduquer, former, dégoogliser, s’équiper de solutions européennes. Cela commence dès le lycée, et dans les entreprises avec de vrais modules pratiques, pas des documents juridiques.
Article extrait de mon entretien pour Atlantico