L’Europe en roue libre : la dérégulation sans vision de la Commission von der Leyen
Ursula von der Leyen : déréglementer pour exister ?
Par Alexandre Moustafa
Le virage à 180° de la Commission européenne, qui semble désormais vouloir « simplifier » la réglementation, marque un moment de confusion stratégique à Bruxelles. Sous l’impulsion d’Ursula von der Leyen, l’Union européenne tente d’accélérer, d’innover, de déréglementer... mais dans quel but ? Et surtout : avec quelle légitimité ?
Cette volonté soudaine de libéraliser l’environnement normatif ressemble davantage à une réaction précipitée – face à l’avance américaine et chinoise – qu’à une stratégie mûrement pensée.
Une Union qui s’imite elle-même… à rebours
C’est un paradoxe cruel : Ursula von der Leyen, après avoir dirigé une Commission obsédée par la norme et la conformité (notamment via le Green Deal), renverse aujourd’hui sa propre logique. Le « choc de simplification » annoncé pourrait remettre en cause plusieurs des règlements qu’elle a elle-même imposés.
Mais cette volte-face ne s’accompagne d’aucune boussole claire. Et dans un espace européen d’une telle complexité fiscale, économique et juridique, un allègement mal conçu risque d’engendrer plus de confusion que d’efficacité – surtout pour les entrepreneurs.

Déréguler pour concurrencer la Chine ou les États-Unis ?
Il est louable de vouloir sortir d’un excès de bureaucratie. Mais sans soutien massif à la recherche, à l’innovation, ou à la formation, déréglementer à vide ne rendra pas l’Europe plus compétitive. Il ne suffit pas de supprimer des normes pour relancer l’industrie ou stimuler l’investissement.
Le véritable levier ? Redonner aux États membres une plus grande autonomie économique, adapter les politiques au terrain, et libérer les forces créatrices plutôt que de les corseter.
Une légitimité démocratique introuvable
La méthode pose aussi problème. Ursula von der Leyen gouverne à travers une technostructure opaque, sans mandat populaire direct. Son autorité repose sur des équilibres politiques internes et sur un éloignement assumé des peuples européens.
Cette distance démocratique est risquée. Elle alimente le ressentiment, nourrit le populisme, et creuse le fossé entre institutions européennes et citoyens. L’expérience du référendum de 2005, encore vif dans les mémoires françaises, en est un rappel cinglant.
L’idéologie contre le pragmatisme
Face aux défis industriels et écologiques, il ne faut pas choisir entre régulation ou abandon. Il faut sortir de l’idéologie et embrasser le pragmatisme. Ce n’est pas en interdisant la voiture thermique sans solution de rechange crédible que l’Europe redeviendra compétitive. C’est en stimulant les alternatives, en soutenant les industriels, en créant des conditions favorables à l’innovation souveraine.
Extraits de l'entretien pour Atlantico
https://atlantico.fr/article/decryptage/doge-in-bruxelles-quand-ursula-von-der-leyen-se-lance-dans-une-politique-a-la-musk-sans-consulter-personne-ni-savoir-ou-elle-va-alexandre-moustafa